Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Agnabeya
29 août 2017

Ma'a salam (?)

... Et je me re-tire. Non, pas retire, re-tire, j'me tire une fois de plus, quoi - il faut suivre, un peu.

ORLY AEROPORT, Terminal S (Sud - ah tiens tiens tiens), Porte A30.

Encore une zone franche, encore un (non)lieu international, encore un univers à la croisée pour commencer un nouveau récit, un nouveau départ, vers l'inconnu complet. Le stress de cette prise d'avion - oui, je suis une grande voyageuse qui s'agrippe aux montants du siège voire à la main du voisin à chaque décollage atterrissage sans parler des turbulences, et je vous emmerde - et surtout de tout ce qu'on se coltine autour d'humiliation systématique de la personne m'a momentanément éloignée de cette sensation de vertige : je pars, je me lance, je m'arrache, je délocalise (sic), bref, j'me tire.
Sans billet de retour, et dans un endroit que je ne connais absolument pas sinon de nom. Comme Al Qahira, il y a cinq ans. Il faut croire que je n'ai pas beaucoup changé entre-temps sur certaines choses, même si j'ai du mal à me retrouver en l'image de cette très fraîchement-ex-Parisienne-désormais-expat-qui attendait bêtement le bus qui ne passait pas sur la Salah Salem pour aller voir les zolies Pyramides.
Ca vire à l'habitude, ai-je songé avec un snob désabusement toute la semaine qui a précédé.  Semaine également pré-départ du reste, de rituel, devrais-je écrire même si c'est insupportable.
Dernier(s) apéros de l'été à l'Ile de Ré. Ultime sortie Bastion, autrement dit boîte de nuit et vodkacramberry. Chevauchée folle naturellement, même si je ne l'accolerai d'aucun adjectif de fin celle-là - attendez voir que je trouve à monter là où je vais, incha'Allah. Quant aux sempiternels au revoir oui je vous écrirai je publierai des photos même si je n'ai plus d'appareil enfin tout, qui sait pourquoi je les ai zappés. Eh oui, sous prétexte de mon sac à faire, je ne suis pas seulement partie je suis partie en pure mode lâcheuse - peur de constater que les gens s'en foutent, à force et peut-être même depuis le début ? angoisse de sentir que les gens ne s'en foutent pas, voire qu'ils emploient encore une fois ce verbe sifflant, ReSter ? D'ailleurs, c'est vrai, je l'ai plus ou moins promis, en revenant d'Istanbul il n'y a même pas trois mois. Peut-être bien que j'y croyais moi-même, pour tout dire. Mais c'est l'instinct qui remporte la partie, dans ces cas-là, et le mien continue à me tirer à droite et à gauche et surtout vers le Sud-Est à vrai dire.
Escale rapide famille, grand-mère, soeurette, et effusions maternelles expédiées sur le marchepied du RER, puisqu'on n'est pas plus doué ni les uns ni les autres pour ces choses-là par chez moi.
Paris. L'ami du lycée et les cocktails de ce bar plutonien de la rue de Clignancourt où je ne viens que deux fois par an - côté départ, côté arrivée - ce qui n'empêche pas le proprio à la peau foncée des Iles de me demander gracieusement de mes nouvelles à chaque fois. D'ailleurs, son rade s'appelle l'Escale, quelle bonne blague. Week-end dans le XVIIIème où déjà je tendais l'oreille en essayant de comprendre l'arabe qui fusait partout autour de moi. L'amie de fac, nos cafés au lait du matin, restau italien du soir et même cette dernière cigarette partagée sur un banc public dans une ruelle avant que de rentrer se coucher. L'amie de toujours, les marches entre Barbès et Montmartre et les burgers à option végétarienne pour elle. Enfin le quai du métro ligne 4, un dimanche de fin août.
[...]
A présent je survole la Méditerranée, ohé ohé. Autre lieu non-lieu-symbole que tant rêvent de franchir, au point d'en risquer leur vie et bien plus que ça. Et moi, je passe le plus clair de la mienne à la traverser en sens inverse.

Finalement j'ai bien fait de ne pas fermer ce blog en juin dernier. Il suffisait de changer le titre, et celui-là me définit sans doute bien mieux que nombre d'autres - sans compter que c'est un très beau mot.
Réminiscence d'un dialogue désagréable au Talaat Harb Square, Al-Qahira encore, des années auparavant :
- Ya Khaled, can you understand I want to live in a country I would not be agnabeya !
- La-a, habibi. Inty magnouna. It's you who don't understand. Wherever you go, anywhere you choose to live, you will be agnabeya.
Alf shokran, mystico-philosophe à la manque.

Prochain arrêt : Tunis. Un parfait hasard, ou le mektub, allez savoir là encore. Au moins, on pourra me reconnaître d'avoir tenté de faire le tour de la question, quelle qu'elle soit.
A Nous Deux - Yalla !

P_20170810_163953

Publicité
Publicité
Commentaires
Agnabeya
Publicité
Archives
Publicité